(Dé)faiseurs de rois
« On forme un couple complètement obsessionnel, toujours proche de l’overdose de stress. On en est devenus malades tous les deux. » (Fabrice Lhomme, Libération, 19 novembre 2014)
On les surnomme les Dupond et Dupont de l’investigation. Fabrice Lhomme et Gérard Davet, chargés des enquêtes au journal Le Monde, méritaient bien un portrait commun tant ils sont inséparables.
Fils spirituels d’Edwy Plenel, ils sont à l’origine de nombreuses affaires visant quasi-exclusivement la droite et l’UMP. À voir le peu de diversité de leurs enquêtes tout au long du mandat de Sarkozy, on peut se demander si les deux hommes ne menaient pas plus un combat politique plus qu’une mission journalistique d’intérêt général… Karachi, Bettencourt, Clearstream… tant de bûches glissées avec fracas dans les roues du carrosse de la droite.
Auteurs de quelques ouvrages en commun, dont deux sur Nicolas Sarkozy, les deux acolytes ont prouvé qu’ils n’étaient pas que les chiens de gardes de la gauche institutionnelle, dont ils pouvaient renvoyer l’image à leur débuts, et qu’ils étaient capables d’aller à rebours de ses attentes en contribuant à écorner de façon définitive l’image de François Hollande (voire du P.S dans son ensemble), tout en s’attaquant aux dérives communautaristes et clientélistes des banlieues islamisées. Connus et reconnus, ils ont leurs entrées dans la quasi-totalité des grands médias (France Inter, Europe1, Arte, BFM) et des émissions d’actualité et de débats (L’heure des pros, C à vous, Zemmour & Naulleau) dont ils sont des invités réguliers à la faveur de la publication de leurs livres et de leurs enquêtes.
Formation
Fabrice Lhomme n’est pas un élève studieux. Après son bac, il tente sa chance dans deux écoles de journalisme que sont l’IUT de Tours puis ESJ-Paris, sans succès. Qu’à cela ne tienne, il se lance directement dans le métier avec, entre 1987 et 1989, des expériences à la radio (Radio Caraïbes International en Martinique, Radio France Belfort) et à la télévision (RFO-Paris).
Gérard Davet, lui, a suivi un cursus plus conventionnel : contrairement à son acolyte, il sort diplômé de l’Institut pratique de journalisme (IPJ).
Le parcours de Fabrice Lhomme
Ex-punk et ex-junkie né en 1965, Fabrice Lhomme a eu une jeunesse tourmentée entre une scolarité chaotique, durant laquelle il confie s’être « égaré vers l’extrême-droite », et un mode de vie punk instable. Aujourd’hui marié à une dentiste américaine, il se dit « plutôt à gauche ».
Suite à ses échecs dans les écoles de journalisme et à ses courtes expériences radiophoniques et télévisuelles, il est engagé au Parisien en 1989. C’est là qu’il rencontre Gérard Davet, un confrère qu’il retrouvera bien plus tard. Au Parisien, il travaille dans différentes éditions régionales jusqu’en 1996, date à laquelle il intègre l’édition nationale dans le service Informations générales à la rubrique Police. L’année suivante, il devient membre de la cellule d’investigation du quotidien.
En 1999, il rejoint L’Express après un bref passage à France-Soir en 1998 (où il a divulgué plusieurs scoops sur le dopage). En 2000, il devient reporter au Monde en charge des affaires politico-financières. Il révèle alors l’affaire de la cassette Méry, cette confession posthume de l’ancien financier du RPR.
En 2006, il quitte le quotidien du soir, regrettant qu’avec le départ d’Edwy Plenel, Le Monde ait mis un « coup de frein sur l’investigation ». Il est alors nommé rédacteur en chef adjoint à L’Équipe Magazine en charge de l’investigation. Il y enquête sur les transferts douteux du PSG ainsi que sur l’influence de la mafia sur l’OM.
En janvier 2008, il participe, aux côtés d’Edwy Plenel, au lancement de Médiapart où il est chargé de développer le pôle Enquête. Il y restera trois années durant lesquelles il révélera les affaires Karachi et Bettencourt, en compagnie de Fabrice Arfi.
En mars 2011, suite à un désaccord avec la direction de Médiapart, il retourne au Monde et y retrouve son vieux compère, Gérard Davet. Les deux hommes, chargés du secteur de l’investigation, ne se quitteront plus.
Le parcours de Gérard Davet
Gérard Davet, né en 1966, débute son parcours par des piges au Parisien entre 1987 et 1989, date à laquelle il est embauché, la même année que Fabrice Lhomme. Il est alors chargé de l’édition Val-de-Marne, rubrique faits-divers. En 1993, il est reporter au service des informations générales et remporte le prix spécial de la fondation Varenne, pour un reportage à la maison d’arrêt de Fresnes. En 1999, il rejoint le service politique, où il suit la gauche, les écolos, et couvre deux conflits internationaux : les guerres d’Afghanistan et du Kosovo.
En janvier 2002, il quitte Le Parisien pour le service sport du Monde, chargé des investigations. Il est affecté au service Société en juillet 2003, où il couvre l’affaire Allègre à Toulouse. C’est à cette époque qu’il met au jour les affaires Pieri et Ambiel.
En 2005, il rejoint le service politique chargé de Matignon, avant d’être promu en 2006 chef des informations générales. Cette année-là, il révèle l’affaire Clearstream, qui fera grand bruit. Il devient ensuite grand reporter, puis chef adjoint du service des enquêtes.
En 2010, il est chargé du suivi de l’affaire Bettencourt, révélée par son ami Lhomme, alors chez Mediapart. Il est forcé de remettre en cause le travail de son confrère après la mise en examen pour faux témoignage d’une héritière de l’Oréal que Fabrice Lhomme venait d’interviewer. Suite à de nombreuses révélations gênantes, il se retrouve alors surveillé par le contre-espionnage et l’inspection générale des services : c’est l’affaire des « fadettes du Monde », qui entraînera la mise en examen de Bernard Squarcini, ex-patron de la DCRI, et de Philippe Courroye, ancien procureur de Nanterre.
En mars 2011, son confrère Fabrice Lhomme le rejoint après son départ de Médiapart. Avec lui, il est chargé du secteur de l’investigation au quotidien du soir.
Le duo
Tous deux professeurs associés de journalisme d’enquête au Centre de formation des journalistes (CFJ) et à l’Institut pratique de journalisme (IPJ) — Paris Dauphine, Fabrice Lhomme et Gérard Davet forment un tandem redoutable qui sert bien souvent d’arme médiatique à l’attention des hommes politiques. Qu’il s’agisse d’évincer un ennemi ou d’affaiblir l’UMP, de décridibiliser un président en exercice ou d’affaiblir Les Républicains, rien ne vaut une bonne confidence ou un renseignement malencontreusement tombé d’un dossier des services secrets ou de la robe d’un juge.
Chacun de leur côté ou en duo, ils affichent à leur tableau de chasse un nombre impressionnant de révélations qui ont fait la une de l’actualité et ont largement influé sur la vie politique : les affaires Bettencourt, Karachi, Clearstream, Charles Pieri, Dominique Ambiel, Bernard Tapie, ou encore le Kazakhgate, les listings HSBC et les écoutes Sarkozy.
Au début de leur carrière en commun, la plupart du temps, voire quasi-exclusivement, les cibles de leurs enquêtes (qu’elles soient destinées à la presse écrite ou publiées dans l’un de leurs livres communs) appartiennent à la droite, et plus précisément à l’UMP de l’époque. Rien d’étonnant lorsqu’on sait que ces derniers considèrent Edwy Plenel comme un « père spirituel », « le rédacteur en chef mythique, qui te rudoie, te soutient, te fait progresser ». Autant dire qu’ils ont été à bonne école.
Depuis septembre 2014, les deux hommes et leurs familles, qui reçoivent des menaces régulières, ont été placés sous protection policière. Quatre policiers et une voiture chacun leur sont affectés, soit un coût de près de 400 000 euros par an pour l’État.
En octobre 2014, Valeurs Actuelles révèle les rendez-vous professionnels secrets des deux journalistes à l’Élysée et les accuse de participer à un « cabinet noir » contre Nicolas Sarkozy, à la solde du pouvoir socialiste. Le Monde annoncera alors son intention de demander l’ouverture « d’une enquête pour espionnage et déposer une plainte pour “diffamation et injure” contre l’hebdomadaire ».
En novembre 2014, les deux hommes ont été à l’origine de l’affaire Fillon/Jouyet en révélant, dans leur livre Sarko s’est tuer (Stock, 2014), que l’ancien Premier ministre aurait demandé à l’actuel secrétaire général de l’Élysée d’accélérer les procédures judiciaires à l’encontre de Nicolas Sarkozy. Suite à cette affaire, qui a une nouvelle fois fait grand bruit, François Fillon a fait part de son intention de porter plainte contre les deux journalistes et contre Jean-Pierre Jouyet, à l’origine des fuites.
Alors qu’ils préparent un livre sur le quinquennat de François Hollande, Fabrice Lhomme et Gérard Davet ont leurs entrées au palais de l’Élysée une fois par mois. Cette connivence ne manque pas d’éveiller de forts soupçons dans le monde des médias en général et dans l’opposition en particulier quant à leur allégeance à un pouvoir socialiste qui les missionnerait en leur fournissant des informations sur des personnalités de droite, en particulier Nicolas Sarkozy.
En octobre 2014, Valeurs Actuelles révèle les rendez-vous professionnels secrets des deux journalistes à l’Élysée et les accuse de participer à un « cabinet noir » contre Nicolas Sarkozy, à la solde du pouvoir socialiste. Le Monde annoncera alors son intention de demander l’ouverture « d’une enquête pour espionnage et déposer une plainte pour “diffamation et injure” contre l’hebdomadaire ».
Le livre tant attendu par le tout-Paris est enfin publié en octobre 2016, alors même que les petites phrases les plus controversées du Président (notamment sur l’immigration et les magistrats) étaient déjà reproduites dans les bonnes feuilles des hebdomadaires quelques semaines avant la parution. Les deux journalistes ont rencontré le Président à 61 reprises à l’Élysée, dont 10 dîners, entre février 2012 et mai 2016. Un président ne devrait pas dire ça… totalise près de 700 pages et s’écoule à près de 250 000 exemplaires. François Hollande s’était imaginé que ce livre aurait pu représenter une rampe de lancement idéale pour la campagne de 2017 et il a ainsi laissé table ouverte aux deux journalistes (lui qui avait récemment confié à d’autres visiteurs du soir, Antonin André et Karim Rissouli, qu’ « un journaliste, même un bon journaliste, un journaliste sérieux, on peut toujours le guider, l’orienter. »), qui sont à cet instant les plus célèbres de France, afin qui ceux-ci s’emploient à vanter ses mérites. Mais Hollande est pris à son propre jeu. Cette compilation d’entretiens, qui tranche avec les précédentes enquêtes d’investigation commises par les auteurs, accrédite la thèse d’un président à la fois ivre de son propre pouvoir (au point de se vanter des assassinats ciblés qu’il aurait commandés en Syrie au cours du quinquennat) et spectateur de son propre mandat, calculateur et hypocrite, plus intéressé par la politique politicienne que par les destinées du pays. Les propos de Hollande déclenchent une cascade de réactions, au mieux irritées, et souvent atterrées même parmi ses soutiens (à l’exception de Stéphane Le Foll qui y voit « un exercice de transparence ») qui insistent sur l’abaissement de la fonction présidentielle qu’ils symbolisent. La chute significative du taux de popularité, couplée aux dissensions internes amplifiées par la sortie du livre au sein de l’exécutif et du Parti Socialiste achève le président sortant de renoncer à se représenter, ainsi qu’il l’annonce solennellement aux Français le 1er décembre 2016. Même si les journalistes exerçaient une réelle influence avant ces évènements, la sortie du livre les fait entrer dans une nouvelle dimension : celle de faiseurs et de défaiseurs de roi.
Suite à l’immense succès du livre, ils sont contactés par le patron de Radio Nova, Bernard Zekri, pour animer une émission d’interview politique, plus particulièrement consacrée au décryptage des enjeux de la communication politique, Éléments de langage. Ils dirigeront 24 émissions entre janvier et juin 2017, recevant entre autres Jacques Attali, Cécile Duflot ou Daniel Cohn-Bendit.
Fort de leurs succès, les deux compères, intrigués par les propos de Hollande sur l’immigration qui sont le point de l’enquête, récidivent en octobre 2018 en abordant cette-fois-ci un sujet aussi inflammable que populaire, autant qu’il est l’apanage traditionnel des médias « de droite » : l’islamisation progressive de certaines parties du territoire français et du cas d’école qu’est la Seine-Saint-Denis. Le livre est le fruit du patient travail d’enquête de cinq élèves du CFJ (Centre de formation des journalistes) que Davet et Lhomme ont coordonné et dirigé un an durant. En dépit de quelques réticences (émanant notamment de leur ancien employeur Mediapart) concernant la méthodologie utilisée et le point de vue volontiers essentialisant, l’ouvrage est accueilli plutôt positivement par les médias dominants. Fait d’autant plus étonnant que ceux-ci ont pourtait fait preuve d’une grande circonspection vis-à-vis de cet thématique par le passé, alors que les voix historiquement plus critiques (de Marianne à Causeur en passant par le Figaro Vox) reprochent aux deux journalistes de ne dévoiler que trop tardivement cette réalité, en pointant du doigt leurs œillères idéologiques qui les auraient empêché de témoigner de la situation préoccupante de l’islam en France à l’époque où le sujet était autrement plus tabou. En 2019, le duo revient à ses premières amours en publiant Haine qui révèlent la teneur des conflits internes au sein de l’opposition en faisant état des mésententes cordiales que se vouent les ténors de la droite.
Durant l’été 2019, le duo achève le travail de démolition du P.S qu’il avait inauguré en 2016, en produisant une série d’articles sur son inéluctable déchéance depuis l’élection d’Hollande jusqu à la mise en vente du siège de Solférino en 2018. Cette enquête en six parties s’avère être le miroir inversé de Haine, en ce que, dans les deux cas, il est question de la lente implosion d’un parti, de la même façon qu’Un président ne devrait pas dire ça… était le miroir inversé de Sarkozy m’a tuer : un portrait à charge du président en exercice à un an des élections.
Si la formule fait recette, à quoi bon en changer ? Le duo publie en 2021, Le traître et le néant, un autre réquisitoire d’un président en exercice. Même avant sa sortie, le pavé suscite la crainte de l’Élysée qui aurait cherché à en obtenir le manuscrit. Les bonnes feuilles de l’ouvrage paraissent dans L’Obs et non pas dans Le Monde ; il se dit que le titre de l’ouvrage aurait fait pousser des cris d’orfraie dans la rédaction. En effet, cet ouvrage peut se lire comme l’argumentaire charpenté et sourcé d’un gilet jaune qui aurait eux accès aux coulisses du pouvoir et à des témoignages de personnalités politiques de premier plan. Selon les auteurs, Macron serait un populiste d’élite qui mépriserait les corps intermédiaires et ne connaîtrait pas charnellement la France. LREM ? Une « coquille vide ». Sa relation avec Hollande ? Un « assassinat politique avec préméditation ». Ils en profitent au passage pour écorner leur ennemi de toujours, Nicolas Sarkozy, en soulignant les relations volontiers incestueuses entre sarkozie et macronie. Si le livre ne fourmille pas de révélations, à l’inverse des précédents, il a pour vertu de recueillir des impressions et des anecdotes qui achèvent de tracer un portrait défavorable et, à maints égards, désespérant d’Emmanuel Macron.
Un an plus tard, ils quittent Fayard pour protester contre la nomination d’Isabelle Saporta à la tête de la maison d’édition. Au-delà de la juger trop proche de Nicolas Sarkozy et de mettre en danger l’indépendance éditoriale de la maison, ils lui reprochent d’avoir relayé les accusations de l’ancien président selon lesquelles le duo de journalistes aurait rémunéré leurs sources lors de la rédaction de Sarko m’a tuer.
Publications
- Le Procès du Tour, Fabrice Lhomme, Denoël, coll. « Impacts », 2000, 316 p.
- Renaud Van Ruymbeke, le juge, Fabrice Lhomme, Privé,? 2006
- Le Contrat. Karachi, l’affaire que Sarkozy voudrait oublier, Fabrice Lhomme en collaboration avec Fabrice Arfi, Stock, 2010
- Sarko m’a tuer, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, Stock
- L’homme qui voulut être roi, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, Stock, 3 avril 2013
- French Corruption, Fabrice Lhomme et Gérard Davet (témoignage de Didier Schuller), Stock, 9 octobre 2013
- Sarko s’est tuer, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, Stock, 2014
- La clef, avec Fabrice Lhomme, Stock, 2015
- Un président ne devrait pas dire ça…, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, Stock, 2016
- Inch’Allah : l’islamisation à visage découvert, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, Fayard, 2018
- La haine, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, Fayard, 2019
- Les années Fillon, Fayard, 2020
- Le traître et le néant, Fayard, 2021
- L’obsession du pouvoir, (bande dessinée) avec Pierre Van Hove, Delcourt, 2022
Ils ont dit
« Nos sources partent à la retraite. Et les nouveaux sont plus jeunes, donc plus en phase avec des journalistes de leur génération. On se sent un peu comme des vieux cons, on n’est pas sur les réseaux sociaux, tout ça… », GQ, 28 juin 2017.
« Quand Médiapart sort une affaire, ça me fait mal », Gérard Davet, Libération, 19 novembre 2014.
« Edwy Plenel est le rédacteur en chef mythique, qui te rudoie, te soutient, te fait progresser », Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Libération, 19 novembre 2014.
« Je suis prêt à aller en prison pour une bonne info », Gérard Davet, Libération, 19 novembre 2014.
« On est asociaux, incapables de tenir tout un dîner, ou même un pot de service », Gérard Davet, Libération, 19 novembre 2014.
« On forme un couple complètement obsessionnel, toujours proche de l’overdose de stress. On en est devenus malades tous les deux », Fabrice Lhomme, Libération, 19 novembre 2014.
« J’ai toujours eu un problème avec l’autorité. Petit, ma mère me promenait en laisse », Fabrice Lhomme, Libération, 19 novembre 2014.
« Je ne comprenais rien, ça m’amusait de faire le facho dans les quartiers communistes d’Évreux », Fabrice Lhomme, Libération, 19 novembre 2014.
« On dure parce qu’on a faim. Il le faut pour aller arracher l’info », Gérard Davet, Libération, 19 novembre 2014.
(Sur le ton de la plaisanterie) « Je ne retournerais au Monde que s’il décide d’adopter enfin un point de vue éditorial qui soit trotsko-fasciste, pour être en cohérence avec ce qui m’est reproché », Fabrice Lhomme, @rrêt sur images, 9 juillet 2010.
« Ceux qui voient chez nous une motivation politique font fausse route. Nous avons ce point commun d’être obsédés par l’info. C’est notre seul parti », Fabrice Lhomme, 10 novembre 2014, AFP.
(à propos de Jean-Pierre Jouyet) « Il n’est pas un politique comme les autres. C’est un haut fonctionnaire, c’est quelqu’un qui a gaffé toute sa vie dès qu’il a pris la parole publiquement. Il dit des choses qu’il ne devrait pas dire. Il est très mal à l’aise avec l’univers médiatique. Quand vous avez accès à lui en tant que journaliste, c’est en général bingo à chaque fois ! », Fabrice Lhomme et Gérard Davet, 10 novembre 2014, AFP.
« Si on fait sauter le secrétaire général de l’Élysée, on le fait sauter. Si François Hollande, par nos révélations demain, doit démissionner, il démissionnera. Et si, grâce à notre livre — c’est un vrai paradoxe, car il s’appelle Sarko s’est tuer -, on fait élire Nicolas Sarkozy, c’est tant mieux pour lui ! », Fabrice Lhomme et Gérard Davet, 10 novembre 2014, AFP.
« C’est le gage de notre survie professionnelle : ne pas chercher la reconnaissance sous des mauvaises lanternes », Gérard Davet, 26 octobre 2014, Capharnaüm Tremens
« Souvent les journalistes préfèrent une information déjà traitée, et relater l’information qui leur vient ; mais peu vont chercher l’information à la source – or c’est la seule qui vaille », Gérard Davet, 26 octobre 2014, Capharnaüm Tremens
« Moi j’ai perdu une dizaine de sources depuis ce livre (Sarko m’a tuer, NDLR), et depuis ce qui m’est arrivé avec mon téléphone portable et mon ordinateur… Donc c’est devenu plus compliqué – mais en même temps d’autres personnes se rapprochent ; il faut compter sur la résistance de l’indignation et la volonté des gens que le système change en profondeur », Gérard Davet, 26 octobre 2014, Capharnaüm Tremens.
« Nous deux, nous ne sommes en rien “victimes,” puisque nous revendiquons d’être d’abord des acteurs, en tant que journalistes, dans cette société », Fabrice Lhomme, 26 octobre 2014, Capharnaüm Tremens.
« Il en veut beaucoup aux médias immédiats, les chaînes d’info en continu. On ne sait pas s’il nous met dedans ou pas. François Hollande est un homme qui avance masqué et nous on l’a démasqué. On a fait notre job. » Fabrice Lhomme, La Dépêche, 9 novembre 2016
« C’est un métier très dur humainement, explique Davet. Pour avoir des infos, il faut forcément copiner avec les sources. On se tutoie, on boit des coups, on se marre… Tout se passe bien, jusqu’à ce qu’on écrive le papier ! Là, certains peuvent avoir l’impression d’avoir été trahis. On a perdu tellement de copains dans ce jeu pervers. Avant je m’en foutais, mais à force, ça devient douloureux… » Fabrice Lhomme, GQ, 28 juin 2017
« Nous, on était réputé être anti-sarkozystes, on a toujours réfuté cette étiquette qui pour nous ést totalement caricaturale. Il se trouve que dans cette affaire-là (l’affaire Fillon-Jouyet, ndlr), en révélant cette affaire-là on favorisait les desseins de Nicolas Sarkozy, mais ce n’est pas notre sujet, on est pas là pour aider ou pour nuire à quelqu’un. On est là pour révéler les choses qui existent. » Gérard Davet, LCP, 18 novembre 2018
On a dit d’eux
« En 2014, après une enquête sur la mafia corse, ils ont reçu des menaces suffisamment sérieuses pour qu’on leur accorde pendant deux ans une escorte policière. Ce qui reste pour eux un très mauvais souvenir. D’abord, parce que c’est difficile d’enquêter en étant en permanence suivi par des policiers. Ensuite, parce que cette protection policière leur a donné définitivement une image de cow-boys. On leur a reproché de “se la jouer”. On a commencé à les surnommer. “Melon et Melon”. Critiques qu’ils balayent d’un mot: “Ce ne sont que des jaloux”. », Nicolas Poincaré, BFMTV, 12 novembre 2021.
« Ce drôle de duo est une institution dans les couloirs du Monde. Une mascotte qui a ses groupies (comme ceux qui nous ont spontanément appelés pour nous dire tout le bien qu’ils pensaient des « seigneurs de la profession »), et ses détracteurs. Il faut dire que Davet et Lhomme savent se faire détester : indifférents à toute notion de collectif ou de hiérarchie, ils font ce qu’ils veulent. N’étant pas rattachés à un service précis, ils marchent allègrement sur les plates-bandes des collègues, n’assument pas les tâches casse-pieds (les permanences du week-end, les réunions du matin…) et ne partagent aucune info, aucune source, aucun contact avec qui que ce soit. Sans compter qu’ils ne viennent que très rarement au journal, ce qui leur vaut une réputation d’arrogants refusant de se mêler à la plèbe », GQ, 28 juin 2017.
« Tapie, Sarkozy, et depuis peu Jouyet et Hollande, ont appris à guetter le logo Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans le Monde, précurseur de gros ennuis. La concurrence aussi. “Ils ont tout !” protestent les confrères admiratifs, mais persuadés que leurs informations coulent de la source élyséenne. Le soupçon a atteint le cœur du Monde depuis que les détectives, qui publieront leur chronique du quinquennat après 2017, ont leurs entrées au Château une fois par mois. Cela fait des jaloux, au point d’avoir déclenché une grève du zèle des journalistes du service politique du Monde, furieux que les “chiens de chasse” en Doc Martens piétinent leurs plates-bandes et soignent “leur petite entreprise” (presse, livres, cours de journalisme…). D’autant que les deux enquêteurs, formés à la virile école Plenel, ne sont ni partageurs ni conviviaux », Libération, 19 novembre 2014.
« Hypermnésique, “jamais battu au trivial-pursuit”, Davet a besoin de “tout contrôler”. Souvent, il a essayé d’amender son “caractère compliqué, irascible”, mais même “les calmants à haute dose n’y font rien” », Libération, 19 novembre 2014
« Lhomme a vite arrêté les saluts nazis, moins facilement la drogue, “piège absolu”, et jamais les concerts punk », Libération, 19 novembre 2014.
« Si on ne connaît pas la teneur des échanges qui ont eu lieu entre les deux journalistes et leurs interlocuteurs à l’Élysée et au ministère de la Justice, on sait en revanche que les journalistes, ont bénéficié de la violation du secret de l’instruction pour publier deux enquêtes, quelques jours plus tard. L’Élysée et la Chancellerie étaient-elles au courant du rendez-vous au pôle financier et des articles qui allaient être publiés dans ‘Le Monde’ trois jours plus tard ? Quel juge du Pôle financier a reçu les journalistes ? On ne le saura peut-être jamais. Une seule certitude, les enquêtes publiées par Gérard Davet et Fabrice Lhomme ne peuvent avoir été conduites qu’avec l’aide de juges qui, cherchant à nuire au retour de Nicolas Sarkozy, sont prêts à violer impunément la loi », Valeurs Actuelles, 15 octobre 2014.
« Au Monde, les journalistes qui traitent les affaires Sarkozy sont en même temps ceux qui voient le président de la République et ses plus proches collaborateurs pour faire le récit de son quinquennat. Cela établit un lien très fort avec une des parties prenantes. En tant que responsable d’un journal, ce mélange des genres, j’y aurais mis fin tout de suite », Edwy Plenel, 10 novembre 2014, AFP.
« Ils sont réputés pour avoir la grosse tête, mais il y a beaucoup de jalousie parmi les journalistes d’investigation. Le fait est qu’ils sont bons et qu’ils sortent plein de trucs », Commentateur anonyme, 10 novembre 2014, AFP.
« Ils sont cyniques, mais très sympas, ils ont beaucoup d’humour. Ce sont des journalistes à l’ancienne, pas vraiment 2.0 », Une de leurs étudiantes, 10 novembre 2014, AFP.
« Quand j’y pense, heureusement qu’il y a eu le livre de Davet et Lhomme sinon j’aurai été contraint de me représenter ». François Hollande le 29 novembre 2016, cité par Gaspard Gantzer dans La politique est un sport de combat, Fayard, 2017.
« N’étant pas rattachés à un service précis, ils marchent allègrement sur les plates-bandes des collègues, n’assument pas les tâches casse-pieds (les permanences du week-end, les réunions du matin…) et ne partagent aucune info, aucune source, aucun contact avec qui que ce soit. Sans compter qu’ils ne viennent que très rarement au journal, ce qui leur vaut une réputation d’arrogants refusant de se mêler à la plèbe. Auraient-ils pris la grosse tête, comme semble l’indiquer le surnom « Melon et Melon », dont on les a affublés à la rédaction ? » GQ, 28 juin 2017
« Les conseils donnés par les journalistes du Monde à ces cinq étudiants, tels que “masquez vos intentions, soyez fourbes”, ce sont de mauvais conseils. Si lorsque l’on s’exprime devant un journaliste, on craint en permanence d’être pris au piège, les gens ne s’exprimeront qu’en présence de leurs avocats », Véronique Decker, directrice d’une école élémentaire de Bobigny cité dans Inch Allah : l’islamisation à visage découvert, France Info, 21 octobre 2018
« Je me réjouis que deux journalistes d’un grand quotidien du soir aient diligentés cette enquête, puisque ce livre (Quatre-vingt-treize, ndlr) avait été descendu à l’époque par le même quotidien du soir comme disant des choses qu’il ne fallait pas dire. » Gilles Kepel, C Politique (France 5), 22 octobre 2018
« Gentiment bousculés par notre entretien au long cours, les deux compères reconnaissent que le chantage au racisme et à l’islamophobie a (trop) longtemps paralysé les médias de gauche pour enquêter sur cet islam séparatiste et conquérant qu’ils ne savaient voir… Certes, Davet et Lhomme relativisent encore les liens étroits qu’entretiennent islamisme et djihadisme. Certains leur reprochent de dire des banalités, mais quand on travaille au quartier général de la bienpensance médiatique, il faut du courage pour dire ces banalités-là. » Daoud Boughezala, Causeur, 6 novembre 2018
« Nous, en gros, on a un seul objectif, c’est l’empêchement de Hollande. Et puis, il se trouve que c’est vous qui l’avez empêché ! C’est pas nous ! Mais votre livre, quand il tombe, on sait que le problème de l’empêchement est posé, et résolu. » Christophe Castaner, Le Monde, 29 août 2019
Photo : © Julien Falsimagne